Mission n°9 – Débriefing
Altis – Dimanche 8 juillet 2035 – 1845– Point d’insertion de l’équipe alpha.
Journal d’Anatoli, médecin au sein de la section Alpha.
« J’ai mal dormi, cette nuit… Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à la déroute calamiteuse d’hier lors de notre assaut sur Panagia. Et des pertes effroyables qu’on a subies…
Mais c’était un baroud d’honneur de la part du CSAT, à bout de force (et de ravitaillement !) dans cette partie de l’île… Les groupes Oscar, Lima et Oméga ont repris Panagia, ce matin…, et le CSAT s’est replié rapidement.
La ligne de front est stabilisée à ce niveau depuis 1100.
Ce soir, dans 30 minutes, on part à l’attaque des deux derniers verrous de cette partie Sud-Est d’Altis : Feres et Selakano. Ça s’annonce compliqué, car la plaine entre Panagia et Feres est truffée de petits hameaux qui peuvent constituer autant de pièges mortels pour nous…
Le capitaine Shrek nous rassemble devant le véhicule de tête de notre futur convoi. Les groupes sont constitués :
-Groupe Alpha-
Chef d'escouade : Shrek
Chef de section : Djmika
Chef de section : Flash
Mitrailleur : Tequiller
Mitrailleur : Carl
Spécialiste AT-4 : Amnesia
Spécialiste ERYX : Cepu
Préposé aux munitions : Green Gunner
Préposé aux munitions : Staiff
Tireur de précision : Catsy
Infirmier : Anatoli
L’attaque sera menée d’ici 30 minutes. Je regarde ma montre… Mmm… Je vais récupérer mes JVN.
Derrière moi, en me retournant, j’aperçois le départ de salves d’artillerie sur les positions du CSAT… Ils vous dérouiller, et je n’aimerais pas être à leur place…
Je me dirige vers notre camion… Aujourd’hui, ça va nous changer de notre assaut de la veille : nous n’aurons qu’un blindé léger armé, et un camion.
Derrière le convoi, le soleil est déclinant… C’est juste magnifique…
Je rejoins mes camarades dans le camion. La plupart des gars montre des signes de fatigue. D’une manière ou d’une autre, les combats de la veille ont laissé des traces. Il va falloir que j’aie une discussion sérieuse avec le capitaine pour lui dire de ménager ses troupes, ou il risque d’y avoir de la casse…
Les deux véhicules démarrent, et roulent vers Panagia… Le trajet est tranquille…
Je regarde le paysage et me roule une clope… ça passe le temps…
Nous passons à côté de Panagia, qui porte les stigmates des combats de ce jour… Quelques maisons finissent de brûler…
Mais personne ne réagit à bord du camion. On dirait que les épreuves des derniers jours ont eu raison du peu de sensibilité qu’il nous restait…
On arrive en vue des éoliennes pas très loin de Feres ; là, on met pied à terre. On a reçu comme consigne de sécuriser un hameau composés de quelques maisons et d’une chapelle (le « point Québec »), qui bloque l’accès vers la ville et qui peut constituer une épine dans notre dispositif.
La progression vers un muret est furtive… De là, on aura un bon point de vue sur le point Québec.
On se positionne tous le long du muret, et on observe l’objectif. Effectivement, aux jumelles, on aperçoit quelques soldats ennemis planqués, prêts à nous recevoir… L’approche va être mal aisée dans cet environnement.
Le capitaine scinde notre groupe en deux : un groupe d’assaut, qui va prendre l’objectif frontalement, et un groupe de soutien (dont je fais partie) qui va le contourner. Lorsque nos deux groupes seront en position, on lancera l’assaut.
En me retournant, je vois la silhouette du tireur d’élite et du mitrailleur du groupe qui se détache sur le ciel coloré de cette fin de journée… Derrière eux, les missiles et roquettes qui partent de nos positions pour s’abattre sur l’ennemi…
Le capitaine donne les dernières consignes aux leaders des deux groupes avant la séparation…
C’est parti ! On s’élance vers nos positions le plus rapidement possible…
On arrive rapidement vers une petite chapelle qui nous offre une protection solide. On a vue sur le point Québec. Notre groupe de soutien se prépare à ouvrir le feu… On attend juste le feu vert du groupe d’assaut…
Ça y est ! Le bal a démarré… Des traçantes fusent vers le point Québec… Les gus qui tiennent cette position n’ont manifestement pas l’intention de se laisser faire… Ils ripostent de manière inattendue…
Le groupe d’assaut lance un appel radio au capitaine. Ils ont un blessé et sont immobilisés par un feu nourri… Le capitaine demande au véhicule blindé léger de se rapprocher de notre chapelle. Je vais monter à bord pour les rejoindre…
Le véhicule met peu de temps pour rejoindre la position de l’équipe d’assaut. Elle est située en hauteur, et surplombe le point Québec. Mais hors de question de progresser tant que les tireurs embusqués n’auront pas été mis hors d’état de nuire… Entre la position et Québec, il y a du terrain découvert…
La nuit tombe. On ne va pas s’éterniser ici. Je soigne le blessé (léger) , rejoins ensuite le sergent Djmika, qui dirige le petit groupe.
Ce dernier demande au véhicule d’ouvrir le feu sur le point Québec, afin de permettre la progression d’un trio d’attaque. Flash et moi allons rester sur place pour assurer la couverture de l’attaque…
Pendant ce temps, j’entends (et vois) les échanges de tirs entre l’équipe de soutien et le point Québec. Les traçantes fusent de partout.
Je me mets en position avec Flash.
L’obscurité s’épaissit. Néanmoins, le trio est arrivé sans encombre jusqu’au premier bâtiment qui constitue le point Québec. Le travail de « nettoyage » commence alors, sans trop de problème.
On reçoit un appel radio qui nous signale que le point Québec est sécurisé. Bonne nouvelle ! Le capitaine Shrek ordonne aux deux groupes de se rendre sur place pour un regroupement.
La nuit est carrément tombée… Et la pluie avec ! J’allume mes JVN, les règle ; ça y est : je suis opérationnel.
On se met en colonne et la marche vers Feres commence…
Les tirs d’artillerie sont ininterrompus depuis notre départ du point d’insertion…
Certains tirs font d’ailleurs mouches, comme le montrent ces fumées qui apparaissent de temps en temps… Un véhicule a dû en ramasser un !
Un obus de gros calibre tombe sur nos 9H, non loin de notre position…
Les faubourgs de Feres sont en vue. La ville est éclairée… ça ne va pas faciliter notre tâche…
On se sépare en deux groupes, un à gauche et l’autre à droite de la route. La progression devient naturellement plus prudente…
Soudain, des tirs dans notre direction nous forcent à courir nous mettre à l’abri, à l’entrée de la ville. Je trouve un mur en ruine et m’y dissimule… Je ne vois pas d’où viennent les coups de feu.
Le tireur d’élite Catsy arrive vers moi en portant un camarade touché pendant notre course… Je m’occupe de lui…
Les échanges de tirs s’intensifient. Les tireurs ont été repérés… Une tentative de contournement de nos flancs est déjouée…
Mais d’autres blessés sont à déplorer… Je commence à avoir beaucoup de boulot, là… Et travailler avec des JVN n’est pas une mince affaire…
Pendant ce temps, les deux groupes se sont efficacement déployés, et l’ordre de contre-attaque est donné par le capitaine. La mitrailleuse Minimi crache une flopée de traçantes vers les positions ennemies ; on en profite pour s’élancer avec succès plus en avant.
Nous avons pris pied dans le village…
Les gars se couvrent mutuellement pendant cette avance rapide qui contraint les forces du CSAT au repli… Mais le centre de la ville n’est toujours pas atteint…
On s’en approche, en éliminant la résistance sporadique qui tente de nous barrer la route… C’est un combat usant pour les nerfs…
Cepu me fait signe de m’écarter… Je m’exécute…
Je le vois prendre place près d’une grille, et épauler calmement son lanceur Eryx…
Dans un vacarme du tonnerre, il lance un missile sur une cible que je ne vois pas… Le sourire qu’il affiche et l’énorme éclair qui suit en disent long sur l’état de cette cible…
On s’élance vers l’objectif détruit… C’était un véhicule…
… Qui explose encore une seconde fois ! Les munitions, probablement…
L’extrémité Sud-Est de la ville est en vue. On se redéploie de manière à faire face à tout imprévu, et on reprend la progression… Nous sommes à deux doigts de sécuriser Feres…
Les dernières maisons sont atteintes et sécurisées…
Le bruit des combats cesse dans Feres… On en profite pour faire une halte… Je bois un peu d’eau, et recombine mes chargeurs… Il ne me reste que peu de munitions… ça va être chaud pour reprendre Selakano.
Mais la clé de la victoire est la prise de ce bled…
Le capitaine Shrek vient vers nous, et silencieusement, nous fait signe de nous préparer à reprendre la route… Il nous reste une zone de champs à traverser avant d’arriver à Selakano, située tout près d’ici…
On y va ! Un moulin magnifique se dresse devant nous.
Je vois mes camarades se jeter au sol devant… Sans réfléchir, j’en fais autant ! Je redresse la tête et vois notre lanceur AT accroupi, prêt à faire feu.
Le projectile part du tube et explose contre un véhicule blindé léger, dont il ne reste qu’une carcasse fumante. Les occupants ont dû être tués sur le coup…
Bien joué ! On a eu chaud…
La progression reprend, silencieuse…
Rien ne semble venir troubler les derniers mètres qu’il nous reste à parcourir. Je suis fatigué.
Encore une fois, des tirs dans notre direction montrent que l’on vient d’être repéré… J’ouvre le feu dans la direction des tirs…
Le capitaine nous donne l’ordre d’avancer vers une station essence… Je me relève, et ne traine pas…
Tout le monde se regroupe à l’abri des murs en béton du bâtiment. Des mouvements de troupes ont été repérés un peu plus loin devant. On se prépare au pire…
Mais au final, on dirait bien que les troupes du CSAT se replient vers le village. On en profite pour avancer.
Les fumigènes couvrent notre approche, dans une certaine mesure…
Et inlassablement, on avance… Le but est presque atteint. Courage… Je sens comme une sorte de motivation autour de moi… La détermination fait place à la fatigue sur les visages…
Des contacts sont repérés à l’entrée du village. On ouvre le feu… Et on se planque aussitôt : il y a un blindé lourd, type T-172, planqué derrière un bunker !
Le capitaine prend son temps : il pointe minutieusement sur la carte les coordonnées du char ennemi, puis appelle la QG pour demander un tir d’artillerie lourde sur cet objectif. Le QG répond positivement…
40 secondes plus tard, j’entends le sifflement caractéristique des obus qui vont pleuvoir sur la position ennemie… Bingo ! Le char explose dans un vacarme d’enfer… Le bunker et tout ce qu’il y a dedans avec !
Joli tir ! Trop fort, notre capitaine !
On s’élance vers le bunker pour s’y mettre à l’abri, et couvrir le reste du groupe.
Qui ne tarde pas à arriver avec quelques blessés, touchés lors des derniers échanges de tirs. Je m’en occupe une fois de plus, comme je peux, avec les moyens du bord.
A l’abri du bunker, avec un peu de lumière, ça va tout de suite bien mieux…
La suite des opérations ne tarde pas à arriver… Rapidement, rue par rue, nous nettoyons l’objectif… Les combats sont rudes, mais l’ennemi semble avoir compris qu’il avait perdu cette partie de l’ile…
Les derniers tirs cessent bientôt, et nous sortons de nos positions… Silence… Rien que la pluie qui tombe depuis tout à l’heure de manière ininterrompue…
J’en arrive à presque la savourer…
Nous venons de remporter une grande victoire. Tout le monde en est conscient… Mais ce n’est pas fini… Les forces du CSAT menacent d’exécuter des prisonniers si nous n’arrêtons pas notre attaque sur Altis…
Je ne sais pas ce qui nous attend, mais une fois encore, on s’en tire… Je me roule une clope, et la fume en la savourant pour la première fois depuis bien longtemps… ».