Mission n°10 – Débriefing
Altis – Mardi 10 juillet 2035 – 1720– Point d’insertion de l’équipe alpha.
Journal d’Anatoli, médecin au sein de la section Alpha.
« Vous le croirez jamais ! Depuis le temps qu’on bourlingue sur Altis pour la libérer du CSAT, eh ben j’ai été à la plage cet après-midi pour la première fois…
Y’avait du monde… Comme si la guerre était déjà loin… Pourtant, on est à 15 km du front, à vol d’oiseau.
De voir tous ces bikinis après ces semaines de combats éprouvants, c’est… Comment dire… Oui. Bon… Vous m’avez compris, quoi…
C’est d’autant plus reposant qu’on n’a plus à s’occuper de nos arrières, sans mauvais jeu de mot… Les FAA du général Lazaridis ont réinvesti tous les points stratégiques qu’on a capturés les jours précédents. Les FAA sont bien équipées, et du coup, ça libère un maximum d’effectifs chez nous pour se concentrer sur la seule partie d’Altis encore occupée : le nord-est.
Et là, pas de doute que le CSAT va s’y accrocher comme une bernique sur son rocher.
Bon, c’est pas le tout, mais il est temps de rentrer à la base…
Arrivé sur place, une certaine agitation règne dans les lieux. Je tope le premier gars que je rencontre pour lui demander ce qu’il se passe. Surpris de me voir en tenue de plage, il me répond que la ville de Rodopoli (sur la ligne de front) va probablement faire l’objet d’un assaut massif du dentiste et de ses hommes.
Oh oh… ça pue cette histoire.
Dans le carré du groupe Alpha, tout le monde est en train de s’équiper… Je file pour faire de même, et 10 minutes plus tard, je suis opérationnel.
Le lieutenant Cepu nous dirige vers un camion. On grimpe dedans. Je demande au lieutenant où se trouve le capitaine Shrek… Il me regarde et me répond qu’il est cloué au lit, à l’infirmerie depuis cet après-midi… Une indigestion de bouffe locale, apparemment.
Zut… J’aurais dû le savoir… Ce pique, c’était un reproche par rapport à l’après-midi plage que je me suis octroyé…
Le camion démarre, et après un voyage sans encombre, on s’arrête à Rodopoli pour débarquer. Rassemblement pour briefing…
Le lieutenant nous répartit en 2 groupes :
-= Groupe Alpha =-
Chef d'escouade : Cepu
Groupe d'assaut
Chef de section : Djmika
Mitrailleur : Tequiller
Spécialiste AT-4 : Amnesia
Préposé aux munitions : Karl
Groupe d'appui
Chef de section : Stekor
Fusilier : Artic
Mitrailleur : Joarius
Fusilier : Luxaeterna
Infirmier : Anatoli
Nos ordres vont être de patrouiller dans Rodopoli et, en cas d’assaut du CSAT, de nous organiser pour assurer la défense du site.
Bigre…
A côté de moi, je remarque un nouveau… Lux, il s’appelle… Fraichement débarqué de notre centre d’entrainement de Guyane… Il a l’air un peu perdu, mais très vite, des camarades lui montrent comment régler sa radio, et des petits trucs utiles en cas de coup dur. C’est ça, l’esprit d’équipe au sein de la section Alpha…
Le briefing terminé, on se prépare. Je vérifie mon chargeur de Famas. Je me rends compte que je suis un des seuls à être resté fidèle à mon bon vieux Famas F1, alors que la plupart des autres gars sont passés sur la version « Commando ». Un peu de nostalgie, peut-être… Je dois vous dire que j’avais ce même fusil lors de la fameuse bataille « des 100 yacht » sur Stratis. Il m’a tiré de plus d’un mauvais pas… Alors, je le bichonne…
Et la patrouille peut commencer… C’est calme, ici… La section d’assaut nous précède de 50m. Les maisons ont l’air vide… Les habitants ont déserté le secteur il y a peu.
Miraculeusement, l’église est intacte… Elle a échappé aux stigmates des précédents combats…
Alors que la patrouille devient de plus en plus monotone, un appel radio du QG nous laisse littéralement sans voix… Le QG vient d’annoncer au lieutenant que le dentiste a été capturé non loin d’ici, derrière les lignes ennemies !
J’en reviens pas ! Se pourrait-il que ce soit la fin des combats sur Altis ? J’en ai les bras qui m’en tombent !
Le QG annonce qu’un camion va venir nous récupérer pour nous conduire derrière les lignes ennemies, afin de rejoindre le général Lazaridis et ses hommes : c’est apparemment ce dernier qui a capturé le dentiste, et il souhaite le confier à ce qu’il considère comme une unité d’élite. Nous, quoi…
Alors là, si j’avais parié que cette carpette de Lazaridis aurait été capable d’une telle action… L’endroit où il souhaite qu’on le rejoigne est une ruine antique… Un ancien théâtre de l’époque romaine… J’en ai entendu parler. Magnifique, d’après ce que je sais…
Décidément, il a le sens de la mise en scène, le général…
Le camion arrive peu de temps après.
La section Alpha monte à bord… Visiblement ébranlée par cette nouvelle…
Le camion s’ébranle. A bord, les discussions vont bon train… Une telle nouvelle, ça n’arrive pas tous les jours… Telles que je vois les choses, on va ramener le dentiste dans nos lignes, et nos dirigeants politiques vont être trop heureux de lui coller un super procès international ultra médiatisé…
Ça risque d’agiter des endroits comme le Takistan, ça…
Le camion file bon train. Le ciel s’est bien couvert, depuis tout à l’heure…
A bord, nos deux mitrailleurs maintiennent toute leur vigilance à l’arrière du camion… On ne sait jamais. Ça fait 5 minutes qu’on est entré en zone ennemie…
Le coin est vraiment désertique, ici… Presque sauvage… Pas une seule maison sur plusieurs kilomètres.
Peu après, on arrive en vue d’une petite crique… Je note l’endroit, parce que je compte bien y revenir plus tard pour bronzer ! Oui, je sais… Je sais… Mais c’est comme ça…
A 800m de notre objectif, le lieutenant Cepu fait stopper les véhicules… On descend… L’idée, c’est de finir le chemin à pied. On se répartit vite en 2 colonnes, de part et d’autre de la route, et la progression commence.
Les paysages traversés sont grandioses !
Autour de nous, le vide… Juste le vide… Et ce silence est impressionnant… On n’entend que le bruit léger du vent qui rase ce paysage de lande tourbée…
Les ruines sont bientôt en vue. Deux véhicules sont stationnés devant. Nous les passons, et entrant dans le théâtre. Il ne reste de l’édifice qu’un morceau de la scène, et les gradins en pierre qui forment un demi-cercle.
Lazaridis se tient au centre, sur la scène. A côté de lui, un homme, les mains sur la tête. Pas difficile de deviner qu’il s’agit du dentiste. Disposés en demi-cercle sur les gradins, les hommes de la FAA assurent la couverture. Ils sont nombreux…
Le général n’a pas fait les choses à moitié ! Ils ont l’air de brutes patibulaires, ces types de la FAA…
Lazaridis s’adresse au lieutenant Cepu qui le salue. C’est bien ce que je pensais : ce général a un ego surdimensionné… Il nous tient un discours sur l’efficacité de ses hommes, bla bla bla bla… Bref, c’est lui qui a tout fait le boulot, quoi…
J’ai envie de lui mettre mon poing dans la figure… Mais je suis censé soigner les gens, pas les massacrer. N’empêche que je lui prendrais bien la température, à ce gars-là !
J’ai un mauvais pressentiment. Et je suis pas le seul… Les gars aussi sont nerveux…
A un moment, Lazaridis nous demande de mettre nos armes à l’épaule. Le lieutenant hésite, mais le général lui répète cet ordre, plus fermement. C’est un général…
Le lieutenant nous fait signe. On obéit…
A ce moment-là, Lazaridis sort son pistolet, et le pointe doucement sur la tête du dentiste… La tension monte d’un cran…
Il va quand même pas l’exécuter froidement ?!? Ce type, tout ennemi qu’il soit, mérite un procès…
Le général arme tranquillement son pistolet… C’est pas vrai ! Il va pas l’abattre comme ça… Derrière Cepu, un camarade sort furtivement son pistolet Pamas… Puis un autre…
C’est à ce moment-là que Lazaridis se tourne vers nous et ouvre le feu… Suivis par les types des FAA… De nombreux camarades s’écroulent, blessés… Le général se retire avec le dentiste qui lance un rire que je n’oublierai jamais !
J’ai pu me planquer, comme la plupart des gars… Mais déjà, Lazaridis et ces hommes se sont retirés vers leurs véhicules. On ne peut rien faire…
Quelle m… ! Et quel p… de traitre !
Il nous a tous roulé, Lazaridis… ! Et ça veut dire quoi, ça ?... Nos arrières sont-ils encore sûrs ? Qu’est-ce qu’on va trouver en retournant dans nos lignes ?
Est-ce que ce sont encore nos lignes ? Est-ce que tous les FAA sont avec Lazaridis ?
Pendant que je soigne les gars, je me dis qu’il est temps pour nous de contacter le QG par radio, afin de les mettre au courant de la situation et de les prévenir…