Mission n°1 – Débriefing
Zargabad – Lundi 19 septembre 2035 – 0700– Point d’insertion de l’équipe alpha.
Journal d’Anatoli, médecin au sein de la section Alpha.
« Bon… On y est… Faut dire que j'ai jamais aimé les opex dans les pays désertiques. Et là, ben non seulement c'est un pays désertique, mais en plus, y'a rien. C’est pareil, me direz-vous… Mais non : c’est pire… Ça vaut le coup de le signaler, parce que ça s'invente pas…
On a été largué pas loin de Zargabad, la « cité aux mille épices »… Comme on dit sur internet, « LOL »… A défaut d’épices, je sens que cette affaire ne manquera pas de sel…
Pas question de se faire repérer : on se ferait descendre en moins de deux ! D'après ce que je sais, on agit pour le compte de la CIA, de manière la plus illégale possible…
Notre objectif ? Retrouver le « Dentiste ». Ce dernier nous mènera à Lazaridis, dont l'OTAN en a fait sa cible n°1…
Mais dans ce pays, il est chez lui. Et pour le trouver, on ne peut compter sur pratiquement personne.
Or la CIA a trouvé un type qui peut nous aider à localiser un certain Amir Fouzid, qui lui sait où se terre Ben Khélif (le Dentiste). On doit le rencontrer dans une des mosquées de la ville.
Interdiction absolue de sortir les armes : si on le fait, on grille notre couverture. Il va donc falloir ruser et agir dans l'ombre… S’infiltrer… Se fondre dans le paysage…
Mouais… Quand je regarde les copains, je me dis que ça va pas être simple du tout : un bon quart d'entre nous est grand, blond aux yeux bleus…
Sauf erreur de ma part, les autochtones d’ici ne me paraissent pas vraiment ressembler à des vikings… Alors pour passer incognito ici, va falloir être très fort… Oui… Très très fort, même…
On a donc revêtu des frusques locales, histoire de limiter la casse et nous voilà prêt à partir.
Objectif n°1 : rencontrer notre contact.
On grimpe à bord des véhicules que la CIA nous a dégotés… Une vraie misère… Des épaves qui roulent encore probablement par la volonté du Saint Esprit...
Le voyage jusqu'à Zargabad se déroule sans encombre... Sauf pour mon postérieur qui commence à fatiguer…
A l'entrée de la ville, une épave encore fumante nous rappelle à la dure réalité : ça peut vite dégénérer, dans le secteur. Et comme ça fume encore, ça a dû arriver très récemment.
Je me sens un peu nerveux : si on doit se défendre, les armes se trouvent dans le troisième véhicule…
Ce qui frappe de prime abord lorsqu'on pénètre dans la ville, c'est qu'il n'y a pas grand monde dans les rues… Les façades des maisons portent encore les stigmates des combats épisodiques mais violents qui peuvent avoir lieu ici…
Alors qu'on roule vers notre point de rendez-vous, le capitaine Shrek prend sa radio pour donner les consignes : on va diviser le groupe en deux. Les deux premiers véhicules iront vers le lieu du RdV avec le contact, tandis que le troisième (celui qui a les armes) ira plus loin, histoire de sauver ce qui peut l'être si ça tourne mal...
Je descends avec Shrek et les camarades des deux premiers véhicules… Devant nous, une magnifique mosquée multi centenaire se dresse… Il y a un peu de monde autours… La ville se réveille doucement. Un rapide coup d'œil aux alentours ne révèle rien d'anormal.
Devant l'entrée du bâtiment, un type semble un peu nerveux. On s'approche de lui… Il nous fait un signe de tête… Trois gars restent à l'extérieur, histoire de surveiller le secteur. Le reste du petit groupe rentre dans l'édifice.
L'intérieur somptueux est le témoin d'une époque glorieuse, mais désormais révolue. Notre contact nous emmène dans un endroit un peu à l'écart.
S'ensuit une discussion animée à l'issue de laquelle on comprend qu'il ne sait pas où est Fouzid, mais qu'il connaît quelqu'un qui sait. Ça a l'air de marcher comme ça dans ce foutu bled…
Notez bien que la dernière fois qu’on a rencontré quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui savait où se trouvait la personne qui pouvait nous conduire à celui qui savait où était le type qu’on recherchait, ben ça s’est terminé par un épouvantable massacre sur les quais de Stratis, lors de la « bataille des 100 yachts »…
Alors qu'on continue à discuter avec lui, Shrek contacte discrètement l'équipe du troisième véhicule, afin qu'elle se rende à l'endroit indiqué par notre contact. Elle devra y rencontrer un certain « Mouloud », qui devrait leur dire où se trouve Fouzid.
Le capitaine leur demande d'être discret, mais « persuasif »… Mmm… Tout en subtilité… Pas facile, quoi...
L'entretien avec le contact terminé, on sort du bâtiment ; Shrek nous propose de faire une reconnaissance discrète du secteur, histoire de repérer un itinéraire de sortie si ça dérape.
Devant nous, passe une patrouille takistanaise : armement soviétique. Complètement dépassé, mais efficace dans des mains expertes… On a vraiment intérêt à faire profil bas.
On continue tranquillement notre ballade… RAS dans le secteur.
Pendant ce temps, la troisième équipe vient de trouver Mouloud ; ce dernier était tranquillement en train de faire ses affaires sur la place centrale du marché. Les copains ont été très « persuasifs » pour l'amener à « coopérer » sans faire d'histoire.
Mouloud les a conduits chez lui, visiblement pas enchanté du tout de la situation. Une fois à l'intérieur, un peu de persuasion et de psychologie ont fini par lui faire lâcher le morceau (et peut-être une ou deux dents par la même occasion…
: Fouzid est planqué dans une villa fortifiée au nord-est de Zargabad, un peu à l'extérieur. Mouloud a donné peu de détail sur le site, qu'il connaît visiblement mal.
Après un échange de politesse subtile, les camarades se dirigent vers le véhicule, et contactent le capitaine pour lui annoncer l'info.
Le capitaine nous fait signe de regagner les véhicules. Je jette un œil autours de moi. Ça paraît normal... En tous cas, personne ne galope vers nous avec un AK-47 brandit de manière menaçante…
Le capitaine donne les consignes : rendez-vous près des dernières maisons situées à l'Est de la ville. Gaffe aux patrouilles de l'armée régulière : on continue à faire profil bas…
Je regarde le capitaine, assis à côté de moi : je peux voir la détermination dans son regard. Et ce regard-là signifie que ça va envoyer du pâté ! Quoiqu’il arrive…
Il nous faut encore rouler plusieurs minutes pour arriver au lieu de RdV…
Lorsque l'on arrive sur la place, le troisième véhicule est déjà là… Ouf ! Nous voici au grand complet !
Tout le monde se répartit à bord des véhicules… On fait route dans la banlieue de Zargabad. Très vite, la ville cède la place à une zone semi désertique, dans laquelle il n'y a que très peu d'habitations… Et au loin, à 1 km environ, se dresse la silhouette de la villa qu'on recherche.
Bigre ! Ça va pas être du gâteau… Perchée sur une colline, elle a une vue sur tout le secteur. On a intérêt à laisser de l'espace entre les véhicules, car sinon, ils vont sentir le coup fourré à 10 km !
Shrek propose d'ailleurs à un véhicule d'effectuer, l'air de rien, une reco du secteur pour voir s'il existe un moyen d'approcher discrètement du site.
Pendant ce temps, on s'est garé dans un endroit tranquille, hors de vue de la villa. Mais encore trop loin pour envisager quoi que ce soit…
Alors qu'on attend le retour de la reco, un type se pointe… Visiblement, il trouve très chouettes nos deux épaves.
On lui fait comprendre à mots à peine couvert qu'il vaudrait mieux qu'il se tire à l'autre bout de la planète.
Mais le gars insiste, et tout en essayant de marchander les véhicules, il commence à fouiner par la fenêtre du premier.
Tequiller se pointe vers moi et me demande de lui filer trois doses de morphine, discrètement…
Sur le coup, je comprends pas… Je les lui donne sans bien savoir pourquoi je le fais… Tequiller se rapproche du curieux par derrière, et vif comme l'éclair, lui plante les trois seringues dans le cou !
Le pauvre bougre ouvre la bouche, essaie visiblement de dire quelque chose, puis s'effondre en tremblant de manière spasmodique… Au bout de 30 secondes, c'est fini… Le type est mort.
Shrek est furax ! « Punaise, enterrez-moi ce type et vite ! Je veux pas qu'on le retrouve ! Et magnez-vous » !
Vaut mieux pas discuter quand il est comme ça… Vous pouvez me croire…
Pendant ce temps, le véhicule de reco arrive. Il est possible de contourner la villa par le nord ; il y a un endroit au pied de cette dernière qui est à l'abri des regards. D'après la reco, on pourrait y garer les véhicules et lancer l'assaut à partir de là.
Bon : cool. Le problème, c'est qu'il va falloir lancer un assaut et ne pas buter Fouzid… Bref : être violent et fin à la fois… On est censé savoir faire ça…
Les trois véhicules se dirigent vers l'endroit en question. 10 minutes plus tard, on est en position, et on commence à s'équiper… Equipement hétéroclite qui ne doit pas trahir notre origine…
C'est comme ça que je me retrouve avec un AK-47 antique qui, à en juger par son état, a dû connaître les guerres d'Afghanistan du siècle dernier ! J’engage un chargeur et arme la vénérable relique. Ça a l’air de fonctionner…
On grimpe le long d'une pente qui va nous emmener pile en face de la villa… Mais entre notre position et la maison, il y a une pente à dévaler… Et à découvert…
On reste à peu près 15 minutes en position, le temps que tout le monde soit opérationnel. Devant nous, dans la villa, on voit régulièrement passer des hommes armés qui montent la garde. Ils sont nombreux.
Il est bien protégé, le Fouzid !
On épaule nos armes. Chacun prend un garde pour cible. Au bout de deux minutes, tout le monde est paré. Le capitaine donne l'ordre de tirer… et immédiatement, une dizaines d'hommes s'écroulent… C'est la panique, en face…
On en profite pour dévaler la pente à l'assaut de la villa...
Le nettoyage de la maison est méthodique. Un camarade est touché pendant les combats. Je m'en charge. Ça va : une balle dans la jambe. L’artère n’a pas été touchée.
Alors que je finis de le soigner, je lève la tête ; devant moi, Fouzid est menotté et encadré par Cepu et Flash. On l'a eu, et vivant. Du grand art…
Il s'agit maintenant de déguerpir au plus vite vers le point d'extraction. Il est en effet à prévoir que les petits copains de Fouzid vont rappliquer ventre à terre…
Je reste en arrière avec deux camarades… On finit de fouiller la maison… RAS.
Allez… On se tire rapidement… Des véhicules ont été signalés à moins de deux kilomètres d'ici...
Dehors, c'est assez calme, si ce n'est qu'on voit quelques corps au pied de la villa…
ça fait bien dix minutes qu'on court comme des fous… C'est alors que j'aperçois un hélico en train de se poser, devant nous. C'est l'évacuation…
Jamais je n'ai été aussi heureux de voir un hélico qu'aujourd'hui... Et vous connaissez mon point de vue sur les pilotes de ces oiseaux-là…
Fouzid est assis au pied de l'appareil, visiblement sonné… Les camarades le font grimper dans l'hélico. On le suit aussi… Et on décolle dans la foulée, direction le QG local de la CIA pour interroger notre « paquet ».
Le « dentiste » peut commencer à trembler, maintenant… Et Lazaridis aussi, par la même occasion… Mais ça, c’est une autre histoire… ».