Mission n°5 – Débriefing
Altis – Lundi 2 juillet 2035 – 08:00 – Point d’insertion de l’équipe alpha.
Journal d’Anatoli, médecin au sein de la section Alpha.
Ça fait une heure que je tourne dans ma tente, nerveusement… C’est à peine croyable ce qui nous arrive…
A croire que le QG a complètement perdu les pédales…
Nous avons pris Pyrgos, la capitale d’Altis il y a 2 jours ; nous avons passé la journée d’hier à sécuriser les quelques poches de résistances présentes dans le centre-ville. Pour mémoire, l’équipe Alpha (l’autre, pas nous… ) qui a mené l’assaut héroïque ayant mené à la prise de contrôle de la ville, s’est fait étriller par des blindés du CSAT avant que les nôtres puissent les secourir. Grace à leur résistance, nos chars ont pu mettre en déroute les forces ennemies. Le général ennemi, que l’on surnomme « le dentiste » s’est lui aussi échappé.
Mais nous avons capté une émission vidéo internet de propagande sur « Ton Cylindre » (nouvelle version 12.0 en 3D de « You Tube ») qui montre que le CSAT a fait prisonniers 2 membres de l’équipe Alpha avant de se retirer. C’est la tuile, ça…
Et là, ce matin, j’apprends qu’un général de pacotille qui s’est barré d’Altis au moment de l’invasion est de retour avec ses hommes… Et qu’il va falloir lui servir de baby-sitter ! On croit rêver…
Ce type doit se rendre à Pyrgos pour une réunion du bureau local de l’OTAN… Il y aura des américains, des français… Enfin bref : tout le gratin des ronds de cuir locaux…
Sauf que ce mariolle a exigé que soit organisée sur le chemin une cérémonie au cours de laquelle il passera ses troupes en revue !
Ha ha ! La bonne blague…
Lazaridis, il s’appelle…
Je suis allé voir le capitaine Shrek pour lui dire ce que j’en pensais… Lorsque je suis entré dans sa tente, il était en grande conversation avec un représentant du QG local de l’OTAN, le commandant Carl, chargé de superviser le bon acheminement de notre « colis » vers sa réunion.
J’ai vite compris que ce n’était pas le moment d’em…der le capitaine avec mes états d’âme. Pourtant, je pense que j’aurais dû le faire.
Je m’explique : dans mes pages précédentes, j’ai souvent fait mention d’un événement qui a failli nous coûter cher à tous : la « bataille des 100 yachts » à Stratis. Je vais prendre quelques lignes pour vous raconter de quoi il s’agissait… Vous comprendrez par la suite mes doutes…
Ça s’est passé il y a tout juste 1 an. La section Alpha (nous, quoi… ) était chargée d’intercepter une énorme cargaison de drogue qui transitait par bateau en provenance du sultanat de Cékoistan. Les types chargés de la recevoir n’étaient pas des enfants de cœur : il s’agissait, ni plus ni moins que de l’équipe du fameux « KaiserKiller », que certains d’entre nous avions déjà combattu auparavant.
Bref : ça s’annonçait violent. Nous avons décidé de frapper à la réception des marchandises, sur la base de renseignements qui nous avaient été communiqués par les services de renseignements de Stratis, dirigés par un certain… colonel Lazaridis !
Vous voyez où je veux en venir ?… Ha ha !
Au final, je vous passe les détails… Mais la drogue est arrivée avec 24 heures d’avance, et nous, on était à l’heure… pour se faire plomber par une centaine de malades armés jusqu’aux dents ! On a littéralement détruit la marina et la plupart des yachts luxueux qui y séjournaient pour sortir de cet enfer… On a eu des pertes, et ceux d’en face encore plus…
Lorsqu’on est revenu au QG pour débriefer, on a appris que le colonel Lazaridis avait été promus général commandant en chef des forces armées d’Altis ! On a pété les plombs et on s’est mis à cogner les types qu’on a croisés sur notre chemin. J’ai fait un mois de taule, comme la plupart des copains. Et j’y ai laissé un galon. Comme la plupart des copains…
Bref : vous comprendrez que je ne porte pas ce général d’opérette dans mon cœur.
Je sors donc de la tente du capitaine Shrek. Dehors, ça s’agite. Et pour cause… Le convoi de 3 véhicules blindés vient d’arriver. Le général est à bord du véhicule central.
Shrek sort de sa tente à son tour… Il nous répartit dans les véhicules. On va être mélangés avec les gardes du corps de Lazaridis.
Je me trouve affecté avec Joarius dans le véhicule central, ainsi que le commandant américain Carl, chargé du protocole. Et devinez quoi ? Lazaridis est avec nous !
Au-dessus de nos têtes, un « Little bird » piloté par Cepu, accompagné par notre tireur d’élite Catsy, est chargé de nous ouvrir la route. C’est rassurant, je dois dire…
Je monte dans mon véhicule, et découvre la tête de vainqueur de notre colis : un type grand, sec, pas aimable, qui n’a même pas un regard pour nous. Mmmm… ça va être la joie…
A un moment, je l’entends parler avec le commandant Carl. Il lui donne ses consignes pour la cérémonie qui va avoir lieu dans pas longtemps.
Notre convoi s’ébranle. Je regarde Jo, notre conducteur… Ce dernier aussi était à la fameuse « bataille des 100 yachts »… Et je crois bien qu’il a fait le lien… Le regard qu’il me lance ne me laisse aucun doute…
A bord de l’hélico, Cepu nous annonce que la route est dégagée. C’est déjà ça…
Les véhicules du convoi sont espacés d’une vingtaine de mètres… Je profite du calme du voyage pour insérer un chargeur dans mon arme, et vérifier que tout fonctionne. Le cliquetis du mécanisme d’armement me rassure.
Nous arrivons à un checkpoint que nous avons installé il y a deux jours… Tout le monde se met au garde à vous lorsque passe notre véhicule.
Décidément… Tout le monde est au courant de notre arrivée… ça sent encore le secret bien gardé, cette mission.
Une fois de plus, notre « général » n’accorde aucun regard aux types alignés en rang d’oignons dehors… Un vrai bonheur, ce type…
Nous sommes maintenant à mi chemin de notre première destination. Le paysage est à tomber par terre de beauté. Quel gâchis, cette guerre dans ce petit bout de paradis…
Au loin, une église probablement millénaire se dresse fièrement face à la mer… Je m’étais promis qu’un jour, je repasserai par ici avec mon matériel photo pour prendre le temps d’immortaliser ces splendeurs qui ne demandaient qu’à l’être…
En attendant, je scrute le bâtiment qui, on ne sait jamais, peut abriter des ennemis… C’est beau la paranoïa !
Lima (l’hélico) annoce qu’ils ont un visuel sur le lieu de la revue : les soldats des forces d’Altis sont déjà alignés, face à leurs chars et blindés divers…
Nous arrivons à notre tour. Effectivement, les soldats d’Altis sont placés comme à la parade, dans des uniformes fambants neufs ! Je croise le regard du commandant Carl qui hausse un sourcil…
Nous recevons un appel radio de Lima signalant que tout est clair sur zone… C’est rassurant.
Le capitaine Shrek vient vers nous alors que nous venons de descendre du véhicule. Au moment où il s’apprète à nous dire quelque chose, le haut-parleur installé au sommet du mât du drapeau diffuse une musique militaire que j’identifie comme étant celle du 5ème régiment de Réguliers de l’armée d’Altis : « Tiens, voilà de l’Andouillette ».
Immédiatement, par signe de respect, nous nous mettons au garde-à-vous et saluons.
A ce moment-là, le général Lazaridis avance pour le passage en revue de ses troupes. Le capitaine Shrek en profite pour toper Joarius au passage, et nous demande d’aller plein Ouest pour patrouiller sur la hauteur, histoire de ne rien laisser au hasard.
Je le sens nerveux, le capitaine…
Nous nous mettons en route immédiatement. Soulagés…
Nous montons sur la colline, trop heureux de nous extraire de cette atmosphère pesante…
Notre patrouille s’eefectue sans difficulté… Nous montons même jusqu’à l’église repérée précédemment pour la fouiller. RAS… Jo sort une clope, qu’il n’allume pas après réflexion…
Après 15 minutes, nous redescendons… Je vois que ça s’agite.
Je remonte dans le véhicule avec Jo qui s’installe au volant…
Notre général préféré est déjà assis à l’arrière, visiblement agacé… Il m’est de plus en plus antipathique, ce gars-là.
Vivement la fin de cette journée !
Après 10 minutes de route, nous arrivons sur les lieux de la réunion… Dehors, ça grouille de soldats américains… L’OTAN dans toute sa splendeur…
Je descends afin d’ouvrir la portière au général… Et en profite pour le saluer du mieux que je peux… C’est-à-dire pas terrible…
Le général se dirige vers l’immeuble QG de l’OTA N. Le commandant Carl l’accompagne…
Je me dirige vers Shrek. On cause un peu… Je sens que la situation l’agace profondément… Je lui fait part de mon ressenti envers ce général.
En vrai pro, il ne dit rien… Mais je sens qu’il acquièse silencieusement…
Trois heures ! Cette foutue réunion n’en finit pas ! Je commence à avoir faim… Et soif ! Je vois les gars des 3 véhicules qui s’impatientent, eux aussi… Il est temps que cette journée se finisse pour tout le monde.
Un mouvement attire mon attention… ça y est ! Enfin ! Les voilà qui sortent. Comme à son habitude, le général ne montre aucune émotion…
Nous remontons dans les véhicules, afin de conduire notre « paquet » vers son QG, de l’autre côté de Pyrgos… L’idée d’en finir me plait bien… J’ai repéré un bar dans la ville que j’aimerais bien essayer ce soir. J’en parle à mon voisin d’infortune…
Le convoi s’ébranle à nouveau. La traversée de la ville est assez rapide. Il faut dire que les habitants ne se bousculent pas dans les rues, c’est le moins qu’on puisse dire.
Dans leur Little Bird, Lima exerce une surveillance très active…
Une fumée est visible devant nous… Le convoi s’arrête… Je saisis mon arme par réflexe…
Lima nous contacte par radio… Flash, dans le premier véhicule assure réception. C’est un véhicule carbonisé qui est en travers de la route.
Ça sent mauvais, cette histoire… Le « Dentiste » nous a peut-être laissé quelques mauvaises surprises…
Deux démineurs sont descendus du premier véhicule… Ils se dirigent prudemment vers l’épave fumante…
Lima ne signale pas d’activité autour du véhicule. Je fais signe à Jo, et nous descendons du véhicule, prêts à faire feu. Les camarades du 3ème véhicule ont fait de même… Ainsi que les gardes du corps de Lazaridis…
Je me mets en position, à gauche de notre blindé léger…
Devant, au bout de 10 minutes, les démineurs reviennent avec le sourire… Le véhicule était en effet piégé, mais ils ont neutralisé la menace…
Ouf !
Je me retourne… Lazaridis vient de descendre du véhicule, furieux…
« Qu’est-ce que vous foutez ? C’est ça, le corps d’élite qu’on m’a promis pour ma protection » ?
Je vois le capitaine Shrek blémir… ça sent l’incident diplomatique à plein nez… ‘Faut pas le chatouiller, notre capitaine…
Le commandant Carl vient pour apaiser la situation… Il nous fait signe de remonter dans les véhicules. Je crois qu’il a hâte d’en finir, lui aussi…
Manque de chance, rebelotte un peu plus loin… C’est pas vrai ! Mais quelle galère… Derrière moi, le général s’impatiente une fois de plus. Je n’essaye même plus de le calmer.
De toutes manières, il a décidé de nous pourrir la journée… Je ne sais pas ce qui me retient de lui dire qu’on avait pu admirer sa grande compétence lors des événements de Stratis…
Mais je reste silencieux… ‘Pas envie de cramer ma carrière à cause de ce sale type. Il a déjà failli anticiper celle-ci une fois… Pas deux !
Une fois sortis de nos véhicules, Jo vient vers moi… Je vois dans son regard qu’il est à deux doigts de péter un plomb.
Nos déminueurs s’approchent encore une fois de la menace… Encore une épave fumante…
Lima signale que tout est OK autour…
Je me mets en position, à droite du convoi… La présence de l’hélico me rassure…
Une altercation se produit derrière moi… Je me retourne, et vois le capitaine Shrek en grande discussion plutôt animée avec un général Lazaridis visiblement furieux. Le commandant Carl tente visiblement de calmer tout le monde.
Je ne comprends pas ce qu’ils se disent (je suis trop loin), mais ça chauffe…
Au bout de 30 secondes, le capitaine fait demi-tour d’un pas rapide, visiblement hors de lui, et s’éloigne…
L’hélico tourne toujours au-dessus de nos têtes…
Lazaridis repasse devant moi. Il me jette un regard mauvais et me fait signe de remonter à bord du blindé… Je m’exécute rapidement. Jo reprend le volant, et lorsque le premier véhicule démarre, il en fait de même.
Dans un silence pesant, nous arrivons au QG de Lazaridis. Sans même un seul mot, ce dernier descend du véhicule, et, suivi de ses gardes du corps, s’avance vers son QG… Il se retourne, et répond quand-même à mon salut…
Trop heureux de m’être débarassé du paquet, je m’alume une clope… J’en propose une à Jo… Il refuse… Par contre, il ne dit pas non à une bonne virée ce soir dans le bar dont je lui ai parlé…
Quand je pense qu’il va falloir, pour des raisons politiques, compter avec cet officier de pacotille pour la suite de nos opérations sur Altis… ça ne me dit rien qui vaille…